Le spectacle du monde donne à voir un Occident confronté à la fin de sa domination multiséculaire. Le problème c'est que cela va très vite. Si on se rappelle le début des années 90 après la chute de l'URSS le soi-disant « grand rival ». Fukuyama nous annonçait le triomphe du néolibéralisme et « la fin de l'histoire », et le grand patron américain posait sa grosse patte sur l'ensemble de la planète. À peu près tout le monde se mettait au garde-à-vous. Avec même la Chine qui faisait semblant de prendre acte de la défaite du socialisme en se convertissant soi-disant au capitalisme. 30 ans plus tard, après avoir enchaîné défaites et catastrophes, l'Empire occidental est au bord de la dislocation. La direction de la tête de gondole américaine donne un spectacle étrange, à base de président foutraque empêché de gouverner par un État obèse, contraint de passer la main grâce à une fraude électorale géante, à un improbable vieillard complètement sénile. Pour revenir ensuite au pouvoir et donner le spectacle d'une téléréalité parfaitement déjantée. Pendant que les vassaux de l'Empire dirigés par les équipes d'imbéciles minoritaires mettent en place des systèmes qui commencent singulièrement ressembler à des dictatures. Avec pour seul objectif stratégique discernable, conserver le pouvoir en étant le meilleur élève de la classe des domestiques. Alors on est ainsi passé de l'Empire triomphant, à l'Empire du mensonge, puis à l'Empire du simulacre, puis encore à l'Empire de la bêtise et avant même qu'on ait pu s'y habituer à l'Empire de la farce. Dont la séquence de l'aplatissement d'Ursula von der Leyen devant Donald Trump donne une image carrément obscène.
Commençons par les réactions, d'abord avec celles de Jean-Noël Barrot ou de François Bayrou, ces centristes fanatiques de la destruction de la France au profit de l'UE, qui font semblant de pleurnicher sur le lait renversé. On pensera aussi à propos de stupidité et de culot à LFI par l'intermédiaire de Manon Aubry, qui entre deux bises à von der Leyen et après avoir refusé de la censurer au Parlement européen, prend des airs offusqués face à la capitulation. Le reste de la classe politique française est au diapason, comme Marine Le Pen ayant tout largué et devenue plus européiste que Jacques Delors lui-même, trouvant des excuses à Trump pour sa brutalité. Jusqu'au MEDEF parlant sans rire « d'humiliation » ! Quant à Macron, comme tous les faux durs face à ceux qui tiennent le manche, il se plaint que l'UE n'ait pas été assez « crainte » par les États-Unis. Tu m'étonnes !
Bon, toute cette agitation est bien une farce, puisque Bernard Arnault le vrai patron de notre pays, celui qui, sur proposition de la haute fonction publique socialiste, a confié à Macron le mandat de détruire la nation française, a donné la ligne politique à suivre par ses domestiques du gouvernement. Le mot d'ordre est clair, cet accord est « une démonstration d'intelligence ». Bigre, rien que ça ? Notre oligarque à nous qu'on a ne serait-il pas en train de se foutre de nous ?
Voyons rapidement en quoi ce « traité inégal » digne de ceux imposés à la Chine au XIXe siècle est une « démonstration d'intelligence ».
Écoutons ce qu'en dit Arnaud Bertrand sur son compte X :
« Le « deal » est : - L'UE se voit désormais imposer des droits de douane de 15 % sur ses exportations vers les États-Unis alors qu'elle s'engage à ne facturer aucun droit de douane sur les importations américaines dans l'UE. - L'UE accepte d'investir 600 milliards de dollars aux États-Unis, sans autre raison évidente que de faire plaisir à « papa » - L'UE va « acheter des centaines de milliards de dollars d'équipements militaires américains » - L'UE s'engage à acheter pour 750 milliards de dollars de GNL américain très coûteux, soit 250 milliards de dollars pour chacune des 3 prochaines années En échange de toutes ces concessions et de l'extraction de leurs richesses, ils n'obtiennent... rien. Je n'exagère même pas, c'est bien là le contrat : l'UE n'obtient rien. »
C'est très clair, et une nouvelle démonstration de la perversité du carcan de l'Union Européenne, en ce qu'elle prive les états membres de toute marge de manœuvre pour défendre leurs intérêts. Avec bien sûr l'exemple de la Grande-Bretagne, pourtant aujourd'hui État failli qui toute seule a obtenu bien mieux.
Mais finalement le pire, c'est que cet accord en forme de « traité inégal » est absurde puisqu'il ne reflète aucune réalité plausible. Un examen rapide l'établit. Tout le monde promet des montagnes d'or, des centaines de milliards de dollars pour acheter des biens américains. Ah bon ? Mais quel genre de biens américains ? Qu'est-ce que les États-Unis ont à vendre ? Personne n'a semble-t-il posé la question. Et il suffit de regarder les deux fameuses cartes sur la « Global trade dominance » pour les États-Unis et la Chine entre 2000 et 2024. C'est aveuglant, les États-Unis n'ont plus grand-chose à vendre. Et puis les Européens n'ont pas le fric pour acheter des biens qui n'existent pas ! Et le problème est le même avec le matériel militaire. Les USA ont une industrie militaire qui boîte, qui, sans vider les stocks de sa propre défense, est devenue incapable de fournir les différents théâtres de guerre sur lesquels ils sont investis : Ukraine, Moyen-Orient et Pacifique sud.
Non mais tu trop pessimiste, l'UE s'est engagée à acheter pour 750 milliards de dollars (soit 250 milliards par an) leur GNL pourri. Ben non, les États-Unis ne produisent pas les quantités correspondantes qui sont de l'ordre de 80 milliards par an, dont une partie assez importante va déjà à la Chine. Il est donc physiquement impossible de tenir ces engagements, sauf à acheter du gaz russe pour le revendre le double à l'Europe. D'ailleurs pour continuer dans la farce, il faut noter que l'importation du gaz russe par les USA ne supporte pas de taxes douanières.
Donc on achète des biens qui n'existent pas avec de l'argent qui n'existe pas. Elle semble mal emmanchée cette affaire.
Ah oui mais non, attention l'Union Européenne s'est engagée à ce que ses membres investissent 600 milliards dans l'économie américaine. Ça c'est du solide. Ah bon ? Dans quoi ? Dans quelle économie américaine ? Où est-elle ? De quoi est-elle composée ? Où est-elle installée ? Quelques heures plus tard, des responsables européens ont déclaré : « Non, nous le secteur public, n'avons pas d'argent (et pour cause). En revanche les investisseurs privés peuvent investir là-bas, mais nous sommes des pays libéraux et par conséquent, n'avons aucun pouvoir sur eux. »
Et pendant ce temps, la transformation se poursuit. La Chine devenue locomotive du monde, accélère encore, la Russie méthodique accentue sa destruction de l'OTAN, les BRICS poursuivent leur développement, le Sud global prend acte de tout cela et monte dans les bons wagons.
Pendant ce temps, l'Occident terminal dans une spectaculaire « démonstration d'intelligence », bascule résolument dans la farce.